L'art de guérir avec les médecines complémentaires

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Elya
Hasson

Le mandala est une représentation très ancienne dont on trouve la trace dans toutes les civilisations et à toutes les époques. Carl Gustav Jung, qui étudia et pratiqua le mandala avec passion, en remarqua l’intérêt et l’efficacité dans le travail analytique. Tout le monde peut dessiner un mandala, mais il faut se souvenir que c’est un processus actif et que l’énergie manifestée doit être mise au service du seeker, sinon elle peut agir à son encontre, dans la mesure où la création du mandala a un impact sur l’inconscient. C’est pourquoi il est préférable de s’exercer sous la guidance d’un thérapeute.

Définition

En sanskrit, mandala signifie «cercle», «sphère», «unité». De manière générale, le cercle symbolise le cycle de la vie (naissance, maturité, mort, résurrection). Le mandala se présente comme un diagramme géométrique dont la structure, carrée ou circulaire, se développe autour d’un point central.

Expérience de l’auteure

J’ai pratiqué l’exercice du mandala lors d’un séminaire de formation pour les psychothérapeutes ouverts au public. Élizabeth Leblanc, psychologue et écrivaine jungienne renommée, spécialiste des mandalas, proposait un stage pour travailler sur son rapport au père (son image, son rôle, etc.).

Quand je suis arrivée à ce stage, j’étais enceinte d’un peu plus de deux mois de mon fils, conçu par don, donc de père inconnu. J’avais l’impression que ma relation à mon père, même si elle était à l’origine assez dévastatrice car violente et malsaine, n’avait plus réelle- ment d’incidence sur ma vie actuelle et que je gérais relativement bien ce passif. Élizabeth nous a guidés pendant trois jours dans la réalisation de différents mandalas liés à notre représentation du père et du rôle paternel. L’un d’eux, concernant l’impact de la relation au père, s’est révélé d’une grande complexité. Mon des- sin laissait transparaître une colère et une peur immenses.

Avec un peu de recul, cette extériorisation à travers des couleurs et les lignes m’a fait prendre conscience de cette colère et du sac de nœuds intérieur qui restait à travailler en moi: en fait, je n’étais absolument pas en paix dans ma relation avec mon père, et ce n’était pas sans conséquence sur mon rapport à la maternité. L’un des exercices durant le séminaire consistait à s’exprimer oralement au sein du groupe, en regardant son mandala avec ses parties Ying et Yang, comme si nous parlions à notre propre père à travers l’émotion dégagée par son dessin.

Quand mon tour est arrivé, j’ai eu envie d’hurler, d’insulter mon père, de lui dire qu’il devait disparaître définitivement de ma vie. Dans le même temps, j’étais horrifiée par mes émotions, tellement enfouies et jusqu’alors ignorées. Cela a été pour moi une vraie révélation, un choc. J’ai réalisé que rien n’avait été vraiment réparé, mal- heureusement. Pourtant, je savais qu’il s’agissait d’une des étapes de guérison, une fantastique occasion de verbaliser ce que je n’avais jamais pu lui dire. En cela, l’expérience fut extrêmement positive et libératrice.

Le lendemain, l’exercice a consisté à réaliser un mandala évoquant notre image idéale du rôle de père, un mandala réparateur, qui était là pour exprimer le désir profond que l’on avait du père intérieur, de son identité masculine, et du rôle du père souhaité. Contre toute attente, j’ai mis beaucoup de symbolique de la religion juive dans le rôle du père, à savoir une autorité paternelle normée, rassurante, protectrice, clanique, et c’est très certainement l’origine des raisons de ma conversion à la religion juive.

J’associe beaucoup la religion juive à une religion masculine, faite de droits, de devoirs et d’exigences, et en même temps de justice et de justesse masculines. C’est très certainement cette conversion qui m’a apaisée et m’a apporté des éléments constructifs ou constitutifs du nouveau père en moi et autour de moi.

Le mandala aura été pour moi un outil formidable pour m’aider à faire face à mes réelles émotions et désirs, et ainsi arrêter de me mentir sur ma relation avec mon père, et me permettre d’avancer en lui disant ce que j’avais à lui dire. Ce stage a eu lieu en juin 2017.

En janvier 2019, j’ai pris un thé avec mon père après des années, peut-être dix ans, d’absence et de rancœur. Il avait un Alzheimer, il était charmant et charmeur, joueur et admiratif, vieux et ayant oublié (dénié) tout ce qui le dérangeait. Je n’avais ce jour-là que des messages d’affection filiale à lui témoigner: l’exercice du mandala avait évacué la colère et les mots nécessaires; je me suis rendu compte qu’il ne restait que de la compassion, voire de l’affection.